Article écrit par Amélie Latour
Les Muiscas étaient un peuple de l'actuel centre de la Colombie. Les Muiscas à l’inverse de peuple comme les Incas (qui ont formé un empire multiethnique) n'ont jamais formé un peuple unis, ils formaient une confédération de peuple partageant une culture commune que l’on appelle la culture Muisca (on peut aussi trouver le terme Chibchas mais comme ce terme sert aussi à désigner un groupe de langue dont fait partie la langue Muisca, donc pour éviter toute confusion je n’utiliserais pas ce terme).
Carte indiquant la position géographique de la Colombie dans le monde
Territoire des Muiscas
Les premiers peuplements Muiscas semblent dater environ du 6ᵉ siècle avant notre ère. On ne sait en soi assez peu de chose des Muiscas avant l’invasion par les Conquistadors.
Les Muiscas avaient plusieurs mythes expliquant l’origine du monde :
– Mythe de Bague : À l’origine, il n’y avait que la déesse Bague, la grand-mère. Un jour, la grand-mère cria et alors la lumière, les plantes, les animaux, plusieurs dieux, les Muiscas apparurent sur terre. Immédiatement, les dieux nouvellement apparus prirent des pierres et des graines et les mirent dans un pot pour les utiliser pour semer le ciel d’étoiles. Lorsque le pot fut quasiment vide, les dieux jetèrent ce qui restait dedans le plus loin possible. Grâce à tout ceci, les dieux avaient créé les étoiles.
– Mythe de Chiminigagua : quand il n’y avait rien dans le monde, tout était noir car la lumière était enfermée en un être Chiminigagua. Cet être finit par sortir de la grotte dans laquelle il se cachait. En sortant, il créa de grands oiseaux noirs. Il ordonna à ces créations de voyager dans le monde et en respirant l’air des pics. Et les oiseaux partirent. Lorsqu'ils respiraient, les oiseaux expiraient, amenant de la lumière. Ainsi, les oiseaux amenèrent ainsi la lumière dans le monde, puis Chiminigagua créa tout ce qui existe, dont ces plus belles créations, la Lune et le Soleil. Les oiseaux noirs de Chiminigagua font alors s’installer sur le soleil et la lune.
– Le mythe du Cacique, Sogamoso et Ramiriquí : À l’origine des temps, tout existait à part le Soleil et la Lune et les humains, de ce fait le monde était dans l’obscurité. Il existait à l’époque deux personnes, le cacique Sogamoso et Ramiriquí , ils font alors créer les êtres humains. Ils créèrent les hommes avec de la terre jaune et les femmes avec de l’herbe. Sogamoso demanda alors à Ramiriquí de devenir le soleil pour éclairer les humains, cependant Sogamoso s’aperçut que le soleil seul n’arrivait pas à éclairer la nuit, alors Sogamoso alla vers le ciel dans la période de l’année correspondant au mois de décembre et devint alors la Lune. La fête Huan célébrait ce mythe.
– Mythe de Bachué : peu après la création du monde, une femme Bachué sortit du lagon Iguaque avec un garçon qui avait environ trois ans dans les bras. Ils partirent et construisirent une maison où ils ont vécu jusqu’à ce que le garçon soit suffisamment âgé pour épouser Bachué. À ce moment-là, le couple eut de nombreux enfants et ils voyagèrent à travers le monde, laissant certains de leurs enfants sur place. Ainsi, ils peuplèrent le monde. Cependant, à un moment où ils devenaient trop vieux, ils appelèrent nombre de leurs enfants à les suivre jusqu’au lagon d’où venaient Bachué et son mari. Là, elle dit à ces enfants de vivre en paix, d’honorer les lois qu’ils leur avaient enseignées, comme par exemple d’honorer les dieux. Puis Bachué et son mari devinrent des serpents qui disparurent dans le lagon.
Le lagon Iguaque
Les Muiscas avaient également un mythe pour expliquer les origines de leur civilisation, le mythe de Bochica.
Mythe de Bochica : il y a fort longtemps, arriva un homme, un homme à la longue barbe qui lui alla jusqu’à la taille avec un ruban dans les cheveux. Il avait pour habit une couverture ou une tunique jusqu’au mollet tenue par un nœud sur l’épaule droite. Cet homme s’appela Bochica même s'il reçut d’autres noms, comme par exemple Chimizapaqua (ce qui signifie messager de chiminigagua) . Il enseigna aux Muiscas l’art de filer le coton et de tisser, il mourut alors au village de Bosa, les Muiscas font alors conserver ces restes. Puis après la mort de Bochica arriva une femme d’une grande beauté, Huitaca (désignée quelques fois comme étant la fille de Chia, la déesse de la Lune ou la déesse directement). Elle enseigna aux Muiscas qu’ils pouvaient avoir une vie détendue, faite de plaisirs, de jeux, d’ivresse et que rien ne les obligeait à aider les nécessiteux. Ainsi, les Muiscas se détournèrent de leurs dieux, provoquant la colère de Chibchacum qui était avant le dieu le plus honoré des Muiscas . Celui-ci créa deux rivières, Sopó et Tivitó, elles avaient pour but d’inonder les Muiscas. Les Muiscas par des jeûnes et des sacrifices, appelèrent à l’aide Bochica. Bochica écouta leurs supplices et apparut sur un arc-en-ciel avec un bâton en or. Il jeta alors son baton sur le Salto del Tequendama, l’eau partie également vers cet endroit sauvant le peuple Muisca. Il condamna alors Chibchacum à porter le monde sur ces épaules, se faisant dès qu’il changeait d’épaule pour porter le monde, un tremblement de terre survenait. Il condamna aussi Huitaca en la transformant en hibou.
La religion Muisca avait de nombreux dieux, comme
- Bague, la grand-mère
- Chiminigagua , dieu créateur, il n’a pas de représentation physique
- Sué, le dieu Soleil
- Chia déesse de la lune.
- Bachué
- Sugunsua le mari de Bachué
- Bochica le dieu civilisateur, symbole du principe qui apporte l’intelligence aux hommes
- Chibchacum dieu des intempéries, des rivières et des fleuves, il est également responsable des tremblements de terre
- Chaquen dieu des étapes de la vie préside les fêtes sacrées, il apporte la joie.
- Cuhuzafiba dieu des arcs-en-ciel et de la médecine
- Guahaioque dieu de la mort
- Suativa, dieu des malheurs et du mal
Statue récente représentant Bochica
Selon les Muiscas le monde était divisé en 3 parties. - Guatquyca le ciel où vivent Sué et Chia et d’autres divinités. - Quyca le monde où l’on vit - Tynaquyca le monde des morts, selon les Muiscas à la mort, les morts devaient traverser un ravin sinistre puis traverser une rivière sur un bateau en toile d’araignée, le Sospquazine jusqu’a arrivé au centre la terre dans une terre emplis de champ à cultiver et illuminer par un autre soleil.
Les Muiscas vivaient sous la forme d’une confédération. Le territoire Muiscas était donc séparé en plusieurs seigneuries qui entretenaient des relations étroites entre elles ce qui ne les empêchait pas d’avoir des conflits pour le contrôle de terre, par exemple. De plus, chaque seigneurie, comme par exemple le Zipazgo était subdivisée après en différents clans qui obéissaient au seigneur de la région.
Parlons maintenant de la société Muisca, Les Muiscas étaient des agriculteurs. Ils avaient en plus plusieurs champs répartis sur le territoire en fonction du climat, avec une maison à côté à chaque fois. Ce système avait pour but d’augmenter les risques d’avoir une bonne récolte en cas de problème climatique, comme par exemple une gelée. Les Muiscas ne connaissant pas le fer travaillaient la terre avec des outils en bois ou en pierre, généralement en temps de pluie, pour que la terre soit suffisamment malléable pour être exploitée facilement. De ce fait, les Muiscas avaient horreur des sécheresses. Ils cultivaient principalement les mêmes espèces que les Incas, comme la pomme de terre, le maïs et le quinoa. Les Muiscas connaissaient également la Chicha, la même bière de maïs que les Incas. Ils connaissaient également la pêche. Les dirigeants Muiscas étaient chargés de redistribuer la nourriture en cas de pénurie. Les Muiscas avaient une forte relation à l’eau, se baignant plusieurs fois par jour. Ils faisaient également des bains rituels lors d’un accouchement, lors de la menstruation, dans les rites d’initiation des hommes et pour le couronnement d’un roi. Les lagunes étaient sacrées pour les Muiscas dû à leurs mythes (comme celui de Bachué par exemple), de ce fait les Muiscas jetaient régulièrement des offrandes dans les lacs.
Le plus grand affront pour un Muisca était qu’on lui coupe ses cheveux ou que son cacique lui arrache ses vêtements.
Les Muiscas étaient aussi très doués en orfèvrerie
Reconstruction d’un temple du soleil Muisca
Il avait pour sport le zepguagoscua qui consistait à jeter un disque en or massif sur une cible.
Les Muiscas avaient un calendrier dont les mois étaient liés à la lune.
Les Muiscas ont également influencé le mythe d’Eldorado puisque lors de l’arrivée d’un nouveau seigneur au pouvoir dans la région de Zipazgo . En effet, lors de ce moment, on couvrait le jeune souverain de poudre d’or et alors le roi et certains nobles s’installaient sur un radeau qui avait dessus des produits avec une forte odeur et de quoi faire de la fumée en brulant des plantes puis ils allaient sur le lagon pendant que le peuple chantait et faisait de la musique jusqu’à ce qu’un drapeau soit levé, alors le silence se faisait et le futur souverain jetait de l’or dans le lagon puis plongeait dedans libérant la poussière d’or comme une offrande aux dieux.
Les prêtres Muiscas s’appelaient les Chyquy , c’étaient obligatoirement des hommes et ils avaient interdiction de se marier ou d’avoir des enfants et devaient faire vœu de chasteté. Ils mangeaient peu et rapidement. Ils passaient la majorité de leur temps à prendre des produits bons pour les tenir éveillés. Pour devenir prêtre ils recevaient une éducation de douze ans dans des temples jusqu’à ce qu’on lui perce le nez et les oreilles pour lui mettre des bijoux en or puis il était accompagné jusqu’à un bassin où il devait se baigner, puis il recevait de nouveaux habits et allait voir le chef local qui lui donnait le nécessaire pour pouvoir exercer son métier.
Il y avait également des Mohanes , des prêtres libres non liés aux temples.
Exemples de Tunjos
Les sacrifices pouvaient être soit des sacrifices d’animaux autres que les humains, généralement des oiseaux, où l’on versait le sang sur le sol du temple, puis on liait les têtes des oiseaux et on les suspendait.
Sinon, il pouvait s’agir de sacrifice humain, soit on sacrifiait un garçon capturé à la guerre qui était présumé vierge. Il était sacrifié dans un temple entre les chants religieux et des acclamations.
Sinon, l’on sacrifiait aussi les Moxas. Il s’agissait d’enfants dont on disait qu’ils parlaient au soleil, ils étaient achetés par les seigneurs locaux. Tenus dans une grande vénération, on les faisait porter par des gens sur leurs épaules. À la puberté, s'ils étaient vierges, on les sacrifiait selon la cérémonie suivante : À l’aube, le Moxa était amené vers une montagne en regardant vers l’est, puis il était étandu sur le sol puis sacrifié, on recueillait alors son sang et alors soit on l’enterrait, soit on laissait le soleil le dévorer en laissant son corps là.
Lors des enterrements, les individus en deuil mettaient des habits en rouge et ils pouvaient teindre leurs cheveux en rouge. Le deuil durait 6 jours pendant lesquels on chantait des chants sur le défunt.
On momifiait le mort, puis il était enterré.
Momie Muisca
Les festivités des Muiscas étaient très liées au cycle agricole et à celui de la vie : - Il y avait la cérémonie de la plantation et de la récolte. Les personnes étaient peintes en rouge et noir et certaines habillées en animaux. Ils étaient divisés en groupes (ceux déguisés en ours par exemple). Les prêtres s’avançaient avec des couronnes en or, suivis d’individus peints en rouge qui pleuraient pour Bochica et Sué, demandant que leur roi soit maintenu, puis un autre groupe s’avançait empli de rire et de chants. Finalement, le Cacique terminait la procession.
La civilisation Muisca sera énormément modifiée par l’arrivée en 1536 des Espagnols qui n’arriveront à les vaincre définitivement qu’en 1542. Cependant, l’influence Muisca perdure au sein de la Colombie, déjà par le nombre de Métis qui vivent en Colombie, mais aussi par les mots et le vocabulaire. D'ailleurs, Bogota, la capitale de la Colombie, est une ancienne ville Muisca (elle s’appelait Bacata).
Céramique Muisca
Maison Muisca
Trompette Muisca
Ruine d’un observatoire Muisca
Objet utilisé par les Muiscas dans l’orfèvrerie.
Ceci conclut cet épisode d'introduction à la civilisation Muisca, j'espère qu'il vous aura plu